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 Dossier "J'ai plus de shit"...

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Kspr

Kspr


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Date d'inscription : 19/01/2006

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MessageSujet: Dossier "J'ai plus de shit"...   Dossier "J'ai plus de shit"... EmptyMer 22 Fév - 22:47

"J'AI PLUS DE SHIT !"
Quelques semaines avant les émeutes de banlieue, la France a été frappée par une grosse pénurie de cannabis. Rareté de la résine, hausse vertigineuse des prix : et si tout était lié ? "Technikart" a enquêté sur cette étrange coïncidence.
par Nicolas Santolaria, 15 février 2006
Et si la crise des banlieues que la France a connue en novembre dernier, qualifiée « d'insurrection non organisée » par un rapport des renseignements généraux, était due à une gigantesque pénurie de cannabis ? Vous y croyez, vous ? C'est un pote de province qui nous a mis sur cette piste alléchante où, par de subtiles ramifications, se mêlent insurrection nationale et trafic de drogue mondialisé, guérilla de proximité et géostratégie.Depuis des années, cet irréprochable citoyen français se réveille le matin en s'envoyant un joint de marocain chargé comme un B52, histoire de se retrouver avec les yeux en face des trous -ou presque. Pourtant, malgré toute sa bonne volonté, l'accomplissement de ce rituel matinal est devenu ces derniers temps de plus en plus problématique. « Je ne sais pas ce qui se passe, mais depuis huit mois, on ne trouve plus de shit, confie-t-il. Ca fait vingt ans que je fume et j'ai jamais vu une situation comme celle là. » Notre contact n'est pourtant pas un petit fumeur du dimanche. Il connaît bien les filières d'approvisionnement et fréquente depuis longtemps les gros discounters. Selon lui, le peu de cannabis qui circule encore se révèle être d'une qualité médiocre, avec une faible teneur en THC (le principe actif, NDLR). « Tu galères comme c'est pas permis pour avoir un plan honnête, confirme ce consommateur dépité de la région parisienne. Sur le peu qui reste sur le marché, il y a 70% de merde. T'es obligé d'en mettre trois fois plus pour que ça te fasse le même effet. » Nous recueillons de nouveaux témoignages concordants en provenance du show-business. Nicolas, membre d'un groupe d'électro-dub bien connu, est lui aussi déboussolé par cette grande disette cannabique qui s'est durablement installée : « Depuis six mois, le marché est devenu très opaque. Avant, tu pouvais facilement te procurer un 100 grammes de marocain. Aujourd'hui, les prix ont doublé. Le shit est en train de devenir un luxe, comme les clopes. Les consommateurs bobos ne comprennent ce qui se passe. » En quelques mois, le prix du kilo de com' (le haschich le plus commercial, NDLR) est passé de 1000 à 1500 euros sans aucune explication. L'incompréhension des fumeurs de base est d'autant plus forte que la résine de cannabis avait acquis ces dernières années -et à jamais pensait-on- le statut de produit de consommation courante. Dans ce monde d'abondance, des légions de jeunes aux sourires béats reprenaient en cœur le tube de Stupéflip « J'fume pu d'shit », sans se douter un instant de son caractère prophétique. « Le soir du réveillon, je n'avais même pas de quoi me rouler un petit joint. Tu te rends compte ! », se lamente un Calimero de la hype. « C'est vrai que par le passé, il y a déjà eu de petites pénuries, mais elles étaient auto-organisées pour faire monter les cours, nous confie un usager revendeur. Là, ça n'a rien à voir. Selon les rumeurs, le problème viendrait directement de la zone de production. »
Eradication des cultures
A ce stade, les regards inquiets et implorants de milliers de consommateurs se tournent en direction du sud. Dans un rapport paru en 2003, Bernard Petit, chef de l'Office central de répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS) déclarait : « L'honnêteté me pousse à dire que 85 %, voire 90 % de la résine de cannabis interceptée dans tous les pays d'Europe provient du Maroc. C'est le Maroc qui est le grand producteur de résine de cannabis pour toute l'Europe. » Selon certaines estimations, de 70 à 90% du haschich consommé dans l'Hexagone serait issu de cet embarrassant pays « frère » où le nombre d'hectares cultivés a explosé dans les années 80. Alors que la culture était jusqu'alors entourée d'une opacité tacitement entretenue par le gouvernement marocain, l'arrivée de Mohamed VI au pouvoir se solde par une dissipation progressive de ce voile de fumée. En 2003, l'ONU remet pour la première fois un rapport croisant des données satellitaires et des enquêtes de terrain. Au lieu des 50.000 hectares de culture jusque là recensés officiellement, ce sont quelques 130.000 hectares qui s'avèrent être recouverts de plants de cannabis, assurant la subsistance de cinq provinces. « A partir de ce moment là, explique la chercheuse Kenza Afsahi, la politique du gouvernement marocain a changé. Même si tout n'est pas encore très clair et si les mentalités vont mettre du temps à changer, ils ont publiquement annoncé qu'ils voulaient éradiquer les cultures. Grâce aux subventions de la commission européenne, ils encouragent les paysans à abandonner le cannabis et, lorsque ce n'est pas le cas, ils envoient l'armée qui détruit les champs en mettant le feu, en arrachant les plants ou bien en utilisant des produits chimiques. J'ai moi-même assisté à ce genre d'opération qui ne réjouit pas vraiment les producteurs locaux. » Rapidement, les effets de ce volontarisme étatique qui vise à modifier en profondeur l'image du Maroc sur la scène internationale se font sentir. Entre 2003 et 2004, le nombre d'hectares cultivés passe de 134.000 à 125.000, une diminution d'autant plus importante qu'elle touche des zones irriguées à fort rendement. La production de résine de cannabis connaît elle aussi une baisse notable, de 3070 tonnes de résine en 2003 à 2760 tonnes en 2004. Mais ces chiffres seuls ne suffisent pas à expliquer l'ampleur de la pénurie que le France a connue et connaît encore, malgré une légère amélioration. « Même si nous n'avons pas de nouveaux chiffres, explique Kenza Afsahi, l'éradication se poursuit, c'est un mouvement de fond qui s'est amorcé. Pour comprendre la pénurie, il faut ajouter à ça des facteurs conjoncturels : il y a eu cette année une très forte sécheresse au Maroc ainsi qu'un énorme tremblement de terre en 2004 à Al Hoceïma, une importante zone de production. » Bref, les éléments semblent s'être ligués pour rendre la vie du fumeur de bédo occidental impossible. « L'autre facteur important, explique le spécialiste de l'économie souterraine Nacer Lalam, c'est le renforcement de la répression et des contrôles depuis les attentats de Madrid en 2004. » Beaucoup du haschich qui remontait dans les voitures personnelles n'arrive plus -trop de risques- et les saisies des douanes ne cessent d'augmenter (voir encadré).
"T'imagines le choc !"
En raison de tous ces facteurs combinés, plusieurs observateurs de terrains rencontrés durant cette enquête avancent cette statistique ahurissante : au plus fort de la pénurie, il ne restait plus selon eux sur le marché que 10% du haschich habituellement en circulation. Ces chiffres n'ont bien entendu aucune valeur scientifique, mais ils permettent de donner une idée de l'assèchement réel du marché. « Quand j'ai vu arriver le moment où je n'avais plus rien à fumer, j'ai envoyé chier tout le monde autour de moi, nous avoue ce consommateur sur les nerfs. La pénurie s'est déclenchée tout d'un coup, t'imagines le choc ! » Massivement consommé dans l'hexagone, le haschich produit aujourd'hui des effets psychotropes à l'échelle de toute une population, fonctionnant comme une véritable camisole vaporeuse. Sur le site Hometox, spécialisé dans les dépendances, ses effets sont décrits de la façon suivante : « Le cannabis entraîne une modification des perceptions avec immersion dans l'expérience immédiate, allongement du temps vécu, embellissement des sensations auditives, et à forte dose, transformation des perceptions visuelles et corporelles. La plupart du temps, ces changements sont assortis d'un état d'euphorie suivi d'une sédation qui débouche sur un sommeil de bonne qualité. » En gros, le chichon permet de faire de beaux rêves et de contenir artificiellement sa violence intérieure. « Le cannabis a toujours été utilisé par le peuple pour résister aux situations difficiles, un peu comme la feuille de coca permet de marcher pendant des heures sans ressentir la fatigue, » explique Kenza Afsahi. Ce mirage à la fois intime et social, le rapper Ideal J l'a traduit fort justement dans son album Le combat continue : « Un nuage de fumée me contient, dans un simple joint ma rage je contiens. » Difficile de croire, alors, que cette pénurie massive de haschich n'a pas joué un rôle important dans les émeutes de banlieues. Au cœur des quartiers, certains n'hésitent pas à l'affirmer. « Ces derniers mois, sur le terrain, les jeunes avaient les crocs.Beaucoup n'avait rien à fumer et la tension était palpable. Quand le gâteau est de plus en plus petit, les rapport se durcissent », explique un usager/revendeur. « Il y a quelques semaines, un des gars à qui j'achète en général par kilos est monté dans une grosse cité de la région parisienne où il a l'habitude d'aller. Il est revenu avec 22 grammes ! Je te laisse imaginer le climat sur place », confie un usager de province. La pénurie, si elle ne remet pas en cause les raisons profondes des émeutes (un drame et une situation sociale de plus en plus intenable dans les banlieues où plus de 40% des jeunes sont au chômage), produit incontestablement des effets auxquels les technocrates européens n'avaient pas songé lorsqu'ils ont encouragé le Maroc à diminuer ses cultures. « Cette pénurie a pu constituer un facteur contextuel non négligeable dans la crise récente, avoue Nacer Lalam, universitaire spécialiste des économies informelles. Ce sont les études sociologiques de terrain qui devront déterminer dans le futur son impact réel. »

La crack a remplacé le shit

Cette diminution des doses de sédatif en circulation dans le corps social peut-elle expliquer, plus largement, le climat électrique que connaît actuellement la France et dont le dernier épisode en date est la mise en déroute du train Nice-Lyon par une bande de jeunes surexcités ? Le pays serait-il rendu ingérable par une crise de manque généralisé ? Un dealer fraîchement revenu de la Guadeloupe nuance : « Dans la cité, si tu as de bonnes connexions, il y a toujours moyen de trouver quelque chose. » Ces supermarchés à ciel ouvert, qui figurent l'aboutissement de l'utopie capitaliste, se réadaptent avec plus de rapidité que n'importe quelle autre structure commerciale aux aléas du marché. « Quand il n'y a plus de marocain, les vendeurs et les consommateurs se tournent vers d'autres produits, souvent plus durs, analyse Alain Labrousse, fondateur de l'Observatoire géopolitique des drogues. Dans les années 80, sur l'île Maurice, une campagne d'éradication du cannabis avait débouchée sur une épidémie d'héroïne. Chez nous, la coke est aujourd'hui la menace principale. » S'ils ne plongent pas forcément le nez dans la poudre, les jeunes des quartiers fument du haschich en provenance d'Afghanistan, du Pakistan ou bien de l'herbe chimique venue de Hollande, autant de produits dont les effets sont plus violents. Alors que le shit marocain vous transforme en philosophe de rez-de-chaussée capable de deviser pendant des heures sur l'horreur insupportable de votre condition en inhibant tout passage à l'acte, la weed batave vous fait pousser dans le dos des ailes de warrior survolté. Voilà qui expliquerait l'actuel climat à la Orange mécanique qui plane sur l'Hexagone et le fait que de plus en plus de gens mettent en œuvre sans complexe leurs scénarios hallucinés. Via un contact, un gros dealer de banlieue nous propose même de venir l'interviewer dans une cave du 9.3. « Le problème, nous dit le contact, c'est qu'ils veulent t'emmener là bas avec une cagoule sur la tête et qu'ils t'ont préparé sur place une petite mise en scène. » Excusez moi, j'adore le folklore, mais une prochaine fois si vous voulez bien ! Nous réorientons donc nos recherches en direction des forces de l'ordre. Celui qui nous appellerons à sa demande le commandant Loulou, vieux routard de la police, considère les kilos de cannabis qui transitent sous son nez comme de précieux adjoints de sécurité. « S'il y a aujourd'hui en France une paix sociale relative, c'est grâce au cannabis. Sans ça, nous explique ce fonctionnaire qu'on croirait tout droit sorti de The Shield, les banlieues auraient explosé bien avant et avec encore plus de violence. Ce sont d'ailleurs les gros dealers et les religieux qui ont ramené le calme. Grâce au cannabis, les jeunes restent cantonnés à un petit trafic qui ne fait pas trop de vagues. Si tu leurs enlève ça, ils vont passer à des choses beaucoup plus dures, comme les braquages. Il y a une grosse hypocrisie : les pouvoirs public te disent qu'ils veulent lutter contre les stupéfiants, mais c'est bidon. Sur le terrain, on n'a aucun moyen, on est juste là pour tondre la pelouse, pas pour s'attaquer aux racines. La drogue est une guerre que la police a perdue. » Au-delà des saisies spectaculaires annoncées à grands renforts de communiqués, ce flic de terrain témoigne d'une réalité quotidienne sans doute plus proche de la vérité. Dans de nombreux quartiers, la résine de cannabis fait figure d'ultime ciment social. Pour essayer de mieux comprendre ce phénomène, nous prenons rendez-vous avec Kader, un ancien trafiquant de la porte de Clignancourt. Après quatre passages par la case prison, il s'est décidé à raccrocher et raconte ses galères dans un livre passionnant : Dealer (1). Kader nous attend à côté des distributeurs de billets, là où il y a quelques années il a tenté de vendre du cannabis à l'écrivain Yann Moix avant de lui proposer un peu plus tard son manuscrit. Yann Moix ne lui achètera pas de shit mais lui trouvera un éditeur. « Ce que je voulais dire, avec ce livre, c'est que les dealers ne sont pas des gens mauvais : moi je ne suis pas sorti du ventre de ma mère avec un couteau dans une main et une plaquette de 250 grammes dans l'autre. Si tu deales, c'est par nécessité. Quand t'as une tête d'arabe, comme moi, t'as du mal à trouver du boulot. Alors tu traînes avec tes potes à la sortie du métro, tu fumes et, comme tu as toujours ta tête de basané, les gens viennent te voir en te demandant si t'as rien à vendre.Voilà comment ça commence. Sans trop forcer, tu peux rapidement te faire 4000 euros par mois. » Grâce au succès médiatique de son livre, Kader est contacté par le ministre de l'Emploi Jean-Louis Borloo, qui lui commande un rapport sur les attentes des jeunes des quartiers. « Ce qu'il veulent, c'est simple, c'est un taf et un appart'. Mais comme ils savent que personne ne les aidera, ils se prennent directement en charge et n'attendent plus rien de cette société. Aujourd'hui, à Clignancourt, le shit a quasiment disparu. Les jeunes de 16 ans vendent du crack sans avoir conscience de la gravité de leur acte. En quelques années, le quartier est devenu morbide. » A vrai dire, le temps où le marocain coulait à flots fait presque figure de paradis perdu.
Nicolas Santolaria

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