Tendances récentes sur la toxicomanie
et phénomènes émergents liés aux drogues à Paris en 2004
Tendances récentes et nouvelles drogues (TREND)
31 mai 2005
Pour la troisième année consécutive, l'Observatoire régional de santé d'Ile-de-France a assuré la coordination du dispositif Tendances Récentes et Nouvelles Drogues (TREND) à Paris en 2004. Mis en place par l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) en 1999, TREND est destiné à fournir de façon précoce des éléments de connaissance sur les usages et les usagers de drogues illicites. Ce dispositif, qui repose notamment sur un réseau coordonné par l’OFDT de plusieurs sites d'observation en France (11 en 2004), favorise l’élaboration de réponses rapides et permet ainsi une meilleure protection des usagers.
Les phénomènes et les évolutions décrits par TREND ne concernent qu’un nombre réduit d’individus et ne sont donc souvent pas quantifiables à l’échelle de la population générale.
Les informations recueillies selon différents types d'outils, essentiellement qualitatifs, permettent, en les recoupant, de dresser un état des lieux de la toxicomanie et de dégager quelques nouvelles tendances à Paris dans l'espace " festif " ainsi que dans l'espace " urbain ". L’espace " festif " correspond aux lieux où se déroulent des événements festifs, principalement de culture techno (tecknival, free-partie, clubs, bars, concerts, etc.). L’espace " urbain ", recouvre le dispositif de structures d’accueil pour les toxicomanes, certains centres de soins et les lieux " ouverts " (rue, squat, etc.) fréquentés par des usagers de drogues illicites, souvent en situation de grande précarité.
Pour l’année 2004, les observations de l’ORS Ile-de-France concernant Paris sont les suivantes :
L’année 2004 a été marquée à Paris par une forte visibilité d’usagers de crack évacués successivement de différents squats dans lesquels ils vivaient. Ces évacuations ont permis de constater que ces usagers vivaient dans des conditions d’insalubrité exceptionnelle avec des états de santé très dégradés et des comportements témoignant d’une grande désocialisation. Or, plus le mode de vie est précaire, plus les pratiques de consommations présentent des risques (partage de matériel, réutilisation des seringues, etc.)
Un accroissement net de la disponibilité de l’héroïne et de la cocaïne à Paris a été signalé par différents observateurs. Cette disponibilité accrue a entraîné une baisse des prix qui a contribué à rendre accessible ces produits à des groupes d’usagers relativement nouveaux. Pour la cocaïne, il s’agit principalement d’anciens usagers d’héroïne, plus ou moins désinsérés, sous traitement de substitution ainsi que de jeunes plutôt bien insérés. Pour l’héroïne, il s’agit de jeunes, parfois issus du milieu festif techno fréquentant les free parties.
Des consommations importantes de drogues parmi des hommes fréquentant l’espace festif gay ont été rapportées par plusieurs observateurs en 2004. Des cas répétés d’intoxication, avec des comas, ont été signalés par des médecins intervenant dans différents hôpitaux parisiens. Les consommations observées impliquent très fréquemment de l’ecstasy et de l’alcool mais également des produits assez spécifiquement utilisés par les hommes fréquentant l’espace festif gay, comme le poppers, des anesthésiants détournés (GHB, kétamine).
Si les pratiques d’injection semblent en baisse dans l’espace " urbain " et restent assez marginales dans l’espace " festif ", on observe une modification du type de produits injectés. Parallèlement à la baisse de l’injection d’héroïne liée en grande partie à la diffusion des traitements de substitution aux opiacés, on observe désormais un accroissement de l’injection de cocaïne et de médicaments détournés. Ces produits injectés induiraient rapidement des comportements compulsifs, ce qui pourrait à l’avenir entraîner un accroissement des prises de risques et une augmentation des problèmes sanitaires.
L’accroissement, dans l’espace " urbain ", de la visibilité d’usagers de drogues dépendants, issus de l’espace " festif " et en voie de désocialisation, qui avait été observé en 2003, s’est nettement accentué en 2004. Souvent nomades ou en errance, ces usagers auraient des modes de consommations impliquant la voie injectable et intégrant alcool, cannabis, opiacés, stimulants (cocaïne, crack, amphétamines) et/ou médicaments détournés. Leur fréquentation des structures sanitaires et sociales se limite le plus souvent au recours aux Programmes d’échange de seringues où ils viennent ponctuellement s’approvisionner en matériel.
Le rapport ainsi que la plaquette de 4 pages résumant les principaux résultats sont disponibles :
sur demande à l’ORS Ile-de-France, Tél 01 44 42 64 70 ou Mél ors-idf@ors-idf.org
sur le site Internet de l’ORS Ile-de-France www.ors-idf.org (téléchargement)
Le rapport national TREND 2004 réalisé par l’OFDT et l’ensemble des rapports des différents sites d'observation seront consultables au cours du second semeste 2005 sur le site www.ofdt.fr.
http://www.idf.pref.gouv.fr/actu/communique/2005/toxicomanie_trend2004.htm
Sujet: Tendances récentes sur la toxicomanie (IdF) 
